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A une Mendiante aux Cheveux Roux
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,
Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.
Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.
Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons ;
En place de bas troués,
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor ;
Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;
Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,
Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,
Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,
Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Épieraient pour le déduit
Ton frais réduit !
Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois !
- Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Véfour
De carrefour ;
Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh ! pardon !
Te faire don.
Va donc ! sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,
Ô ma beauté !Charles Baudelaire
Tags : tes, maint, sous, ton, trous
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Commentaires
2creaveroVendredi 22 Avril 2011 à 18:40Un de mes poèmes préféré.
Ta créa sublime, comme toujours.
J'espère que tu vas bien ma belle. Gros bisous
Coucou superbe création avec l'artiste emilie autumn que j'aime beaucoup et bravo aussi pour les vers de baudelair poète que j'adore
Je te souhaite de passer une bonne journée
Bize amicale
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Vous en qui je salue une nouvelle aurore... Vous en qui je salue une nouvelle aurore, Vous tous qui m'aimerez, Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore, Ô bataillons sacrés ! Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse, Qui relirez mes vers Sur l'herbe, en regardant votre jeune maîtresse Et les feuillages verts ! Vous les lirez, enfants à chevelure blonde, Coeurs tout extasiés, Quand mon corps dormira sous la terre féconde Au milieu des rosiers. Mais moi, vêtu de pourpre, en d'éternelles fêtes Dont je prendrai ma part, Je boirai le nectar au séjour des poëtes, A côté de Ronsard. Là, dans ces lieux où tout a des splendeurs divines, Ondes, lumière, accords, Nos yeux s'enivreront de formes féminines Plus belles que des corps ; Et tous les deux, parmi des spectacles féeriques, Qui dureront toujours, Nous nous raconterons nos batailles lyriques Et nos belles amours. Vous cependant, mes fils, nés pour la poésie Et l'ode aux flots vainqueurs, Vous puiserez la joie au fleuve d'ambroisie Qui coula de nos coeurs. Comme aujourd'hui rêveur près de quelque fontaine Je redemande en vain Le secret des amours de Marie et d'Hélène A mon maître divin, Vous redirez aussi les grâces d'Aurélie Aux oiseaux de Cypris, Au rossignol des bois, à la rose pâlie, Au bleu myosotis ! Vous demanderez tous à mes vers de vous dire Quelle fut la beauté Dont mes rimes en fleur adoraient le sourire De rose et de clarté ! Ils vous la montreront, ces vers dont s'émerveille La chanson des hautbois, Ruisselante de feux comme une aube vermeille, Rose et neige à la fois ; Et telle qu'à présent, jeune fille hautaine Au sein délicieux, Elle ravit d'amour l'azur de la fontaine Et l'escarboucle aux cieux. On dirait à la voir que, de sa main profonde, Dieu, sur son trône assis, A pétri de nouveau, pour en refaire un monde, Une Ève aux noirs sourcils ! Car elle est fière, et seule, Ange mystérieuse, Sourit et marche encor Avec la majesté d'une victorieuse A la cuirasse d'or, Et, comme cette Muse à qui le temps pardonne Sans tache et sans affront, Elle pourrait aussi porter une couronne D'étoiles à son front, A ce front souriant, poli comme l'ivoire Des lys inviolés, Que de leurs lourds anneaux encadrent avec gloire Ses bandeaux ondulés ! Un signe querelleur folâtre sur sa joue Qu'un clair duvet défend, Et sa bouche amoureuse, où la clarté se joue, Est d'un petit enfant. Sous l'ombre des sourcils et leur arcade noire, Pareils à l'or du jour, Ses grands yeux tout vermeils s'ouvrent comme pour boire Des océans d'amour, Et la même lumière en frémissant arrose D'un ton timide et pur Sur un front mat et clair les narines de rose Et les veines d'azur. Son col de marbre où luit votre blancheur insigne, Ô neiges de l'Ida, S'incline mollement, comme le divin cygne Sur le sein de Léda. Cette tête ingénue et ce corps de Déesse, Ensemble harmonieux, Lui donnent l'éternelle et sereine jeunesse Des enfants et des Dieux. Des grands camellias défiant les calices, Telles, orgueil d'Éros, Les femmes de Pradier sortent calmes et lisses Du marbre de Paros. Dans ces temps où les Dieux de l'Hellade vivante Fleurissaient les chemins, L'orgueilleuse Cypris eût été sa servante Pour lui baiser les mains ; Et triste, agenouillée en larmes parmi l'herbe, La Déesse, en songeant, Elle-même eût noué sur sa jambe superbe Le cothurne d'argent ! Ainsi vous la verrez dans les brûlants délires De vos coeurs embrasés, Et sachez que sa voix eut la douceur des lyres Et des premiers baisers, Amants qui devez naître ! et le doux nom de Laure, Dans les vers cent fois lus, Et l'Elvire aux beaux yeux que le génie adore Ne vous troubleront plus. Et vous ferez chanter par quelque fier poëte, Mon fils et mon rival, Les femmes qui seront une image imparfaite De ce type idéal.
Théodore de BANVILLE (1823-1891)
bonjour, je suis juste de répondre à vos visites gentil,et vous laisser un poème de Théodore de Banville